Si Hotline Miami m’a scotché des heures durant sur ma PS Vita le casque vissé sur les oreilles, c’est autant pour son gameplay et son ambiance hallucinés que pour son énorme bande son. Très vite celle-ci est devenue culte et indissociable du titre de Dennaton Games, voir plus importante que le jeu lui même pour certains. L’attente et le buzz autour de l’annonce de Hotline Miami 2 n’ont fait que le confirmer. Il y a un an, je découvre avec excitation les 88 secondes explosives et prometteuses du premier trailer de Wrong Number. Mais pour moi la véritable baffe ne vient pas des images, mais plutôt de la musique qui les accompagne. Après une rapide recherche un nom tombe, Carpenter Brut, deux EP à son actif, des sons 80’s totalement badass, des beats qui tabassent, bref c’est une grosse claque et un énorme coup de coeur.
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Après une attente plus longue que prévue le jeu est enfin disponible, et s’il n’est pas exempt de tout reproche, il n’en est pas moins la petite bombe que l’on espérait. Du côté de la bande son, le contrat est plus que rempli puisque celle ci est tout bonnement incroyable, offrant une multitude de pépites musicales et dans laquelle Carpenter Brut s’est taillé une place de choix. Une occasion idéale pour discuter avec lui de Hotline Miami 2, de jeux vidéo et de sa musique en général.
Gamerside: Comment t’es tu retrouvé sur l’OST de Hotline Miami 2 ?
Carpenter Brut : Un peu par hasard, via quelqu’un sur Twitter qui a fait passer mes morceaux à Jonathan Söderström. Ce dernier m’a ensuite contacté, a acheté mes deux EP sur Bandcamp et m’a dit qu’ils voulaient utiliser Le Perv et Escape From Midwich dans le jeu. J’avais entendu parler de ce jeu via Perturbator avec qui je suis en contact depuis le début. J’étais donc super content d’être contacté par ces mecs.
Vous vous êtes concertés pour le choix des titres ou Dennaton Games a décidé seul ?
Ils ont tout décidé eux même. Ne m’ont rien demandé de spécial, comme modifier des structures par exemple. Je crois que c’est trois ou quatre mois plus tard qu’ils m’ont recontacté pour rajouter Roller Mobster dans la playlist.
Ils avaient choisi ton morceau Escape From Midwich Valley pour accompagner le premier trailer du jeu, est ce que tu as senti un regain d’intérêt pour ta musique à ce moment là ?
Complètement. Déjà je pensais que Escape ne serait utilisé que dans le jeu. J’ai donc été vraiment été étonné quand le trailer est sorti. Et bien sûr ça a aidé à faire tourner le nom de Carpenter Brut. Pour la petite anecdote, le trailer de The Crew est sorti le même jour, avec Le Perv pour l’illustrer. J’ai passé une bonne journée.
Tu considères qu’il y aura un avant et un après Hotline Miami 2 pour toi ?
Clairement oui. La notoriété du jeu fait que les projecteurs se retrouvent braqués sur toi pendant une semaine ou deux. Et dans ce cas précis, une bonne vingtaine d’artistes se retrouvent dans le même cas. La force de ce jeu est d’avoir une B.O assez conséquente avec de supers morceaux. Je suis comme les autres, j’ai aussi découvert des mecs cools comme Magic Sword, Scattle ou Magna.
D’ailleurs, qu’est ce que tu penses du jeu, est ce que tu y joues ?
Oui mais comme une merde. Le jeu a la réputation d’être dur donc je n’avance pas, je suis toujours bloqué au premier niveau de cet épisode. Autant pour le premier Hotline je n’étais pas allé bien loin, mais quand même un peu plus que pour celui-ci. Mais le jeu est vraiment fun. La violence est graphique donc ça reste bon enfant et il n’y a bien que les pisse-froid pour y trouver un quelconque danger pour nos petites têtes blondes.
Si tu devais présenter ta musique et ses influences à un néophyte ?
Je pense que je ne perdrais pas mon temps à ça. Je préfère lui filer un lien Bandcamp ou Soundcloud, qu’il écoute et si ça lui plait, tant mieux. Déjà je ne suis pas très à l’aise à l’idée de parler de ma musique. Les interviews sont pratiquement obligatoires si tu veux que les gens entendent parler de toi, mais c’est plutôt un exercice pénible pour moi. Ca prend du temps, et je préfère composer de nouvelles choses plutôt que de parler des anciennes. C’est pour ça que le plus simple pour moi c’est de laisser les gens se faire leur propre avis dessus.
Je sais que tu bosses sur quelque chose pour un jeu indé en ce moment. Est ce que le processus de composition est différent ?
Oui, complètement. Enfin… complètement… ça reste de la musique évidemment, mais les structures ne sont pas les mêmes que pour un morceau classique. Si le perso reste une heure dans la même pièce, il faut que la musique boucle pendant une heure. En fait la structure du morceau dépend de l’action du personnage. Alors même si je peux toujours faire mon style habituel, c’est beaucoup plus complexe. On fonctionne plus avec des boucles. Et faire en sorte qu’elles évoluent subtilement pour que le joueur ne s’en rende pas compte et faire ainsi monter la pression. Ce n’est pas vraiment quelque chose avec lequel je suis à l’aise pour le moment mais en y travaillant ça viendra.
A l’inverse, si on devait développer un jeu à partir de ta musique, tu aimerais qu’il ressemble à quoi ?
Un bon jeu de bagnoles à la Burnout. Un truc violent, rapide, fun, punk. Un jeu comme il n’en existe pas ou plus.
Tu es également un joueur, quels sont les titres qui t’ont marqué ? Tu as un genre de prédilection ?
Mon genre de prédilection est lié au niveau de jeu pathos que j’ai. J’ai pas vraiment de bon réflexes, je ne me repère pas dans l’espace comme dans les jeux style COD, je suis toujours perdu etc… Mais j’ai quand même adoré The Last Of Us. Vraiment mortel. Du coup je me rabats sur les jeux de voitures où je ne m’en sors pas trop mal. Donc Burnout évidemment. Et puis j’ai bien aimé The Crew aussi pour son côté « on roule et on s’en tape ». Après le jeu n’est pas fou graphiquement mais pour un premier titre je trouve ça quand même assez couillu. J’ai acheté DriveClub mais je m’emmerde un peu. Même si il est plus beau que The Crew, je le trouve moins fun. Comme quoi, les graphismes ne font pas tout.
Tu as déjà eu envie de remixer des musiques de jeux vidéo ?
Non. Les remixes me font quand même un peu chier en général. Il faut vraiment que j’aime le morceau qu’on me propose pour que j’y passe du temps. Sinon ce n’est pas un exercice qui me passionne.
Tu viens de sortir un album, Trilogy, qui regroupe tes trois EP dont le dernier qui est très récent. Un cycle se termine, doit-on s’attendre à une « évolution » de ta musique dans le futur ?
Il faudra forcement que j’évolue sinon je vais m’ennuyer et les gens aussi. Et c’est clairement pas le but de refaire la même chose. « Ah dommage dans le troisième EP y’a pas un Le Perv ou Roller Mobster bis. » Oui, ces morceaux existent déjà. Pourquoi perdre son temps à reprendre les mêmes recettes ? Alors ok, mon style restera mon style, mélodiquement et rythmiquement parlant, mais c’est à moi de proposer quelque chose qui évolue, sans que ce soit drastique non plus, on ne se refait pas. La routine me ferait perdre le goût du projet.
Tu fais quelques concerts depuis quelques mois également, et sur scène tu n’es pas seul. A la manière de The Prodigy tu es accompagné d’un guitariste et d’un batteur, qu’est ce que ça apporte concrètement ?
Déjà de la sérénité. J’ai moins peur de monter sur scène du coup. Je connais ces gars depuis longtemps, ce sont de bons potes, je leur fais confiance. Ils ont un très bon niveau donc tout marche bien. On a plein de taf encore pour améliorer les concerts, mais on est déjà contents de ce qu’on propose après seulement quatre dates. Ca demande du temps, du travail et de l’implication, mais les retours sont plutôt positifs jusque-là. Les gens ont l’air de bien s’amuser en concert, c’est le principal.
Si on souhaite écouter, acheter ta musique où doit-on aller ?
Tu peux aller sur Bandcamp ou iTunes pour l’acheter. Sur Youtube ou Spotify pour l’écouter. Ou alors sur les sites de torrent si t’en as carrément rien à foutre du son.
Interview réalisée par mail le 3 Avril 2015
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Un très grand merci à Carpenter Brut pour sa disponibilité et ses réponses.
Vous retrouverez ci dessous toutes les bonnes adresses pour découvrir, écouter sa musique et suivre son actualité. Si ses compositions vous plaisent sachez que la souscription à son Bandcamp, en plus de vous donner accès à toute sa discographie (les 3 EP) propose également des morceaux inédits et exclusifs ainsi qu’un live audio qui déboite méchamment. Voilà, maintenant vous savez tout! … Contrairement à Jean Neige.
Comments (5)
Batboysays:
5 avril 2015 at 13h32Cool l’interview ! Décidément j’aime de plus en plus Gamerside !
Je me suis marré à « Les interviews […] c’est plutôt un exercice pénible pour moi »… le genre de réponses que t’aimes avoir quand justement tu interview un mec !
Dehellsays:
6 avril 2015 at 12h07J’ai aussi tiqué là-dessus :p Mais bon, vu le ton qu’il a sur ses réponses je pense pas qu’il se soit trop pris la tête ! En tout cas c’était très cool à lire, bon travail !
Stephsays:
6 avril 2015 at 18h53Pas mal de gens n’aiment pas les interviews, mais peu le disent. Il est franc là dessus et il a joué le jeu quand même, j’ai apprécié ça. Et puis ça évite d’avoir des réponses toutes lisses et fades.
Triadsays:
5 avril 2015 at 16h12Très grande classe Mr Steph comme d’habitude 🙂
Butchersays:
8 avril 2015 at 9h44Merci mon bon Steph pour cet interview 🙂