Press ESC to close

Interview: Banjo Guy Ollie et ses reprises de musiques de JV

Amateurs de musiques de jeux vidéo, approchez, approchez!

Grâce à la démocratisation du partage de contenu sur internet, bon nombre de gens peuvent aujourd’hui diffuser leurs productions au plus grand nombre. Parmi les genres les plus populaires le jeu vidéo s’impose comme l’un des plus prolifiques avec notamment une communauté très présente autour des musiques et plus particulièrement de leurs réinterprétations. Aujourd’hui si des noms comme Smooth McGroove ou encore Malukah sont bien connus des amateurs du genre, il y en a d’autres tout aussi talentueux qui méritent notre attention. Parmi eux, Banjo Guy Ollie, et son truc à lui c’est de reprendre des musiques de jeu vidéo… au banjo! Au menu de ses covers pas comme les autres et résolument rétro on retrouve au hasard; Wonderboy 3, Super Mario Land, Megaman, Sonic, Portal, Castelvania… Ce gentil barbu étant en plus français, l’occasion était idéale pour lui poser quelques questions et ainsi en savoir un peu plus sur son travail, son histoire avec les jeux vidéo et ses influences.

Bonjour, Banjo Guy Ollie, est ce que tu peux te présenter en quelques mots?
Pour faire simple, moi c’est Banjo Guy Ollie ou juste Ollie ou BGO et je fais des vidéos de reprises de musiques de jeux vidéo sur Youtube. Je voulais un truc simple pour mon pseudo; quelque chose qui évoquait mon univers et expliquait ce que je faisais. Banjo Guy Ollie est venu tout naturellement en fait. Littéralement « Le gars au Banjo qui s’appelle Ollie » (Ollie étant le diminutif de Oliver en anglais), il est parfait pour ça. Il décrit ce que je fais et évoque le jeu vidéo par sa ressemblance au son de « Banjo Kazooie ». Je suis français, originaire de Saint-Malo, j’ai grandi en Charente, vers Angoulême et vers 1998, j’ai tout plaqué et je suis parti en Irlande avec juste un sac a dos. J’y suis toujours depuis et je bosse comme développeur pour une boite informatique.

Mon père bossait chez Phillips donc j’ai eu très tôt une console dans les mains. D’abord le Videopac, juste un prototype, sans le clavier… ni les manettes d’ailleurs. Il faillait connecter les fils à la main pour faire bouger les trucs a l’écran. Puis on a eu le MSX quand Phillips c’est mis à les faire, et enfin le MSX2. Ma première expérience avec les jeux vidéo remonte donc à très tôt, je devais avoir 4 ou 5 ans. Ensuite j’ai eu un Amiga puis une PS1. J’adorais l’Amiga et le MSX2 (j’ai toujours mes machines d’ailleurs) j’y ai appris plein de choses avec, notamment la musique et la programmation.

D’où t’es venue l’idée de faire des reprises au banjo?
C’est en voyant ce que faisait Smooth McGroove que j’ai eu le déclic. J’adore ce qu’il fait et je lui envoyé un message pour lui demander s’il comptait reprendre certains morceaux de la série Turiccan. Il m’a répondu qu’il aimait bien la série et les musiques mais que ça n’était pas prévu. C’est en lisant sa réponse que j’ai eu un déclic et je me suis dit: “mais attends, moi aussi je suis fan de beaucoup de musiques de jeux rétro, je joue de plusieurs instruments, je suis un habitué des studios d’enregistrement…” donc je me suis lancé.

Je n’ai pas eu à trop réfléchir quand à quel instrument utiliser. Le banjo n’est pas mon instrument principal, mais je me suis dit que ça serait un instrument suffisamment original pour des reprises. Personne ne fait vraiment ça, alors qu’il y a plusieurs youtubeurs qui font des « a capella », des reprises métal ou à la flute… mais rien au banjo. Je composais beaucoup de musiques sur Amiga quand j’étais plus jeune. Étrangement j’ai arrêté quand je suis passé au PC. J’adorais la simplicité et la limitation de l’Amiga. Quatre canaux audio forçaient le compositeur à trouver des astuces et approcher la musique de façon quasi programmatique. En gros les limitations forçaient à l’ingéniosité. J’ai l’impression d’être à nouveau dans cette situation avec le banjo. C’est un instrument à la fois versatile et limité qui me force à trouver des astuces ou à changer la position dans laquelle je joue ou encore mon phrasé pour altérer le son et la qualité du son. C’est une approche très intéressante pour un musicien car ça rapproche encore plus de l’instrument lui même.

Comment est ce que tu choisis les musiques que tu vas réinterpréter?
Je n’ai pas de processus de sélection. Je fais ça à l’affectif. J’ai une grosse liste maintenant, faite de morceaux que je connaissais bien et d’autres suggérés par les abonnés de ma chaine. Si j’aime le morceau, je le mets dans ma liste, de façon chronologique. Il faut aussi que le morceau soit jouable au banjo, donc un gros solo de “speed-new-metal-hard-trash-grind-urban-core” c’est juste pas jouable pour moi. Il y a quelques morceaux que je refuse simplement de jouer, même si je les aime bien.

Je pense par exemple à Banjo Kazooie ou Banjo Race dans Earthworm Jim. On me les demande souvent mais ce ne sont pas des reprises que je désire entreprendre. La raison est que se sont justement des morceaux écrits pour le banjo, donc en en faisant une reprise, au banjo, le mieux que je pourrai faire serait d’arriver à une reprise proche de l’originale. Au final j’arriverai à quelque chose qui sonne presque aussi bien, mais pas complètement; ça serait dramatique et ça n’est pas mon but. En utilisant le banjo j’essaie justement d’apporter une sonorité nouvelle et inattendue à des morceaux connus.

Mon désir n’est pas de rentrer en concurrence avec l’original ou de l’améliorer mais d’obtenir une version alternative qui ajoute quelque chose à l’édifice de l’ouvre originale. Je serai justement dans l’impossibilité de le faire avec des morceaux utilisant déjà le banjo donc ça n’a pas de sens pour moi .

Je suppose que tout ça c’est un sacré boulot, qui prend beaucoup de temps. Peux tu nous expliquer comment tu procèdes pour réaliser chaque reprise et vidéo?
Une fois le morceau choisi, je dois apprendre chaque section; batterie, accords, basse, lead etc… avant de commencer à enregistrer. Pour un musicien c’est bien sûr la partie la plus importante mais en fait c’est celle qui prend le moins de temps. Tout le reste c’est surtout de l’enregistrement et de l’édition. Ensuite je fais un premier mix, juste en audio pour avoir un “brouillon” avec lequel je peux bosser.

Dans certains cas, comme pour la musique de Game of Thrones ou Final Fantasy VII Battle Theme, je bosse à partir d’une partition midi pour pouvoir tout bien isoler et me caler, mais en général je bosse à partir du morceau original. Une fois que je suis satisfait de mon brouillon, je refais tout au propre et en vidéo. J’utilise un clic sonore de quatre mesures avant le morceau pour avoir un début synchro et pouvoir caler toutes les vidéos ensemble. Pendant le morceau je m’aide d’un compteur visuel pour rester dans le temps. Pas évident au départ, c’est une habitude à prendre.

Une fois que le tout est filmé je passe beaucoup de temps au mixage des niveaux et à l’équalisation pour retrouver une sonorité proche de l’originale. Rien de bien sorcier ou magique en fait, c’est surtout beaucoup de travail et une ou deux astuces maison.

Tu es inscrit sur Tipeee et Patreon, concrètement en quoi les contributions des internautes peuvent t’aider?
Ah oui Patreon et Tipeee, ça cause beaucoup de commentaires dans la communauté francophone. Je m’étais inscrit au départ sur Patreon à la demande de certains fans qui voulaient m’aider, mais d’autres préféraient utiliser Tipeee donc j’ai crée un compte là aussi. Les deux ne se chevauchent pas, ça permet juste à ceux qui préfèrent passer par un site français de le faire. Pour moi ça ne change rien, je continue à faire mes vidéos, mais ça me permet clairement d’améliorer le contenu. Grâce à ça j’ai pu changer mon micro et mon soft d’édition audio depuis les dix dernières reprises et ça s’entend vraiment. Ca m’a aussi permis d’acheter la mandoline que j’utilise (exclusivement) dans les vidéos donc c’est vraiment bénéfique pour le contenu.

Concernant le banjo, j’explique sur Patreon et Tipeee qu’il n’est pas à moi, et c’est vrai. C’est un prêt d’un ami en fait. Non seulement ça, mais c’est aussi un instrument de très mauvaise facture. J’y suis habitué maintenant donc j’arrive à en sortir quelque chose de potable mais en gros … ben Banjo Guy Ollie n’a pas de banjo. C’est plutôt amusant. Mais à terme je pense pouvoir m’en acheter un l’année prochaine.

Tu as des projets particuliers pour l’avenir?
J’ai une autre chaine, francophone celle ci, où je m’amuse à faire des détournements de cinématiques de jeux vidéo: Grand Theft Z’audio. Ça m’amuse et me détend entre deux reprises. Je n’ai pas eu le temps de m’en occuper beaucoup cette année, mais mon but est de faire grandir la chaine l’année prochaine. J’y ai déjà 17 épisodes et je commence une seconde série l’année prochaine basé sur un petit webcomic que je faisais il y a quelques années pour un magazine en Irlande: The Adventures of MEGAPIXEL.

Un grand merci à Banjo Guy Ollie, pour ses réponses, sa disponibilité et sa gentillesse.

_____________________________________

Voici où le retrouver:

Facebook

Twitter

Bandcamp

Patreon

Tipeee

Comments (5)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *